Anaïs Lambert


Un article sur « Pas de géant »

Pas de géant / Anaïs Lambert

Les Editions des Eléphants

n.p. – 2018 . – 14 €   ISBN 978-2-37273-050-1

Ses bottes occupent une grande place sur la page, de même que sa loupe, et que sa tête coiffée du bonnet : à n’en pas douter ce narrateur là est bien un géant. Dans le jardin qu’il a rejoint à l’aube, la coccinelle est déjà au rendez-vous, les pucerons n’ont qu’à bien se tenir. Ouf, le long serpent vert – vert comme ses bottes de géant – n’est qu’un vulgaire tuyau d’arrosage! Par contre sous les feuilles s’organisent des expéditions et se trament des combats en tous genres. Mais le géant a d’autres ambitions. Ses bottes se font de sept lieues pour enjamber des rivières et des forêts. Et voici les choses sérieuses : la piste d’un ours, la proximité d’un éléphant. Et qui sait la silhouette d’un kangourou, d’une girafe, d’un crocodile? Devant le danger il faut fuir. Mais peine perdue. « Deux mains énormes » m’ont agrippé et soulevé de terre ». A qui appartiennent-elles, ces mains énormes? La réponse est dans l’album.

Qu’il est plaisant de saluer la « naissance » d’une nouvelle grande artiste. Après Germaine aux oiseaux, voici le deuxième livre publié par Anaïs Lambert. Pas de géant figure dans la sélection de la Petite Fureur de Lire 2018. Rien d’étonnant à ce que cette auteure illustratrice ancre son inspiration dans l’observation de la nature : elle a grandi dans les Ardennes. Mais comment expliquer que d’emblée ses illustrations soient aussi réussies, que la construction du récit aussi maitrisé ? Est-ce que son talent de musicienne – violoniste elle adore raconter en musique – l’aide à insuffler un tel rythme ? Et où a-t-elle appris à voyager ainsi en douceur entre réel et imaginaire? Sur son site, elle énumère les techniques qu’elle utilise : monotype, collages, pochoirs, crayons de couleurs, empreintes, fusain et même théâtre d’ombre. Ce qui annonce un futur de belles découvertes.  (Maggy Rayet)

 

http://www.litteraturedejeunesse.cfwb.be/index.php?id=lj_news_detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=News&tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bnews%5D=194&cHash=a3eebe40d06c8d2782aae28a87753953

 


L’avis de Ricochet

Merci à Ricochet pour ce bel article à propos de Pas de géant!

 

Sélection des rédacteurs

Deux bottes vertes, vues de dos, affrontent quelques herbes. Pas de géant, selon le titre, raconte ce que découvrent les deux pieds chaussés de vert que l’on voit sur la couverture. L’album joue sur la disproportion entre les éléments naturels représentés, minuscules, la taille de l’enfant découvreur et celle de l’adulte qui intervient en fin de parcours.

Le narrateur, qui parle à la première personne, transforme sa balade en théâtre d’aventures. Est-ce à son casque – bonnet qu’il doit la dimension belliqueuse de ses découvertes ? « Combat féroce », « monstres piquants », « hélicoptères » construisent un univers épique démenti par le réalisme épuré, poétique d’Anaïs Lambert qui enchante la nature découverte par sa précision. Le narrateur se voit en aventurier d’un monde nouveau, où les caravanes de fourmis conduisent à l’exotisme des ours et des éléphants. Le voyage est ascensionnel, il va du plus petit au plus grand, le monde naturel côtoie le merveilleux et lorsque le « géant » intervient, il y a un subtil mélange de réel représenté et d’imaginaire rêvé qui se résout dans la chaleur de la maison familiale.

A la manière d’Ann Jonas dans Le safari, mais pour de plus jeunes enfants, Anaïs Lambert traite ce sujet ténu et riche avec beaucoup de finesse, ses couleurs transparentes, ses reprises (bonnet de l’enfant, pull du père, coussin du canapé), les éléments vus de près ou de loin (tuyau d’arrosage, plantes du jardin), le traitement des caractères et les liens introduits entre les personnages construisent un univers heureux où il fait bon vivre. Une belle découverte.


Grandir en confiance dans ce vaste monde

Sept albums pour enfants qui accompagnent les plus jeunes avec bienveillance dans leurs expériences.

Un article de Lucie Cauwe

https://lu-cieandco.blogspot.com/2018/04/grandir-en-confiance-dans-ce-vaste-monde.html

L’aventure en grand

Pas de géant
Anaïs Lambert
Les éditions des éléphants, 48 pages

Un album vu au ras du sol, comme un jeune enfant voit la nature. Des scènes bucoliques exquisement dessinées racontent l’expédition du héros dans son jardin. Un vaste monde qu’il découvre, chaussé de ses bottes vertes. Un vaste monde qu’il réinvente avec son imagination.

Entre pâquerettes, liserons, trèfles, radis, rhubarbes, fougères et autres espèces botaniques aisément reconnaissables, le tout petit narrateur conte ses observations: un combat féroce, une course folle et gluante, des monstres piquants, une caravane en route, des hélicoptères, des  rivières et des forêts. Sa façon de voir les insectes et les éléments naturels. Il va jusqu’à penser croiser un ours, un éléphant, un crocodile, une girafe, un kangourou… Un jeu joyeux avec ce qu’il voit, sent et entend jusqu’à ce que résonnent des pas lourds… Un géant? Parfois le salut est dans la fuite…

Un album vibrant, remarquablement illustré, qui célèbre jusqu’à sa chute rassurante l’imaginaire enfantin qui voit tout bien plus fort que la réalité. A partir de 3 ans.


2T pour Pas de géant

Merci Télérama!

 

Si l’adulte veut bien accompagner cette expédition en bottes vertes dans la nature si grande, si grande, alors le tout jeune lecteur enrichira son vocabulaire de mots comme « féroce », « gluant » ou « gargouillis », et le bonheur partagé sera immense. En témoigne l’illustration de quatrième de couverture, baignée de complicité et d’oxygène post-randonnée, où un père et son petit garçon en chaussettes humides plongent leur nez dans un livre commun. Mais pas de culpabilité si l’enfant est livré à lui-même, dans ce paradis visuel où l’infiniment grand, c’est lui, et l’infiniment petit, c’est la vie. Dessinés dans toute leur vibrante majesté, hannetons, radis, libellules, fougères le laisseront tranquille et songeur, bouche bée.

Marine Landrot